Dans un document présentant les principaux indicateurs conjoncturels de la Tunisie, au cours des 9 premiers mois de l'année 2014, publié à la veille de la prise de fonction du nouveau gouvernement issu des élections législatives du 26 octobre 2014, la direction générale des statistiques de la BCT relève la persistance de la fragilité des paiements extérieurs de la Tunisie, notamment avec l'aggravation du déficit courant qui est comblé par l'endettement extérieur, en raison de la régression de l'investissement direct étranger (IDE), ce qui contribue à la hausse des indicateurs de l'endettement.
La BCT prévoit un taux de croissance de 2,4%, d'ici fin de l'année 2014, précisant que ce taux a atteint 2% durant le deuxième trimestre 2014 en glissement annuel, conséquence de l'effet conjugué de l'accroissement de la valeur ajoutée dégagée, notamment, par les secteurs des services marchands (+3,8%) et de l'agriculture et pêche (+1,0%) et la baisse enregistrée au niveau de l'industrie non manufacturières (-5,8%).
Par ailleurs, le taux d'inflation est situé, en glissement annuel, à 5,6% à fin septembre 2014, contre 6,2 % durant la même période de l'année 2013. Selon les prévisions de la BCT, le taux d'inflation devrait atteindre 5,7 % à la fin de 2014.
En ce qui concerne le taux de chômage, il a atteint 15,2% durant le premier trimestre 2014 contre 16,5% au cours de la même période de l'année précédente.
La même source a souligné l'aggravation des paiements extérieurs, au cours des 9 premiers mois 2014, avec l'élargissement du déficit courant de 35,5%, pour s'élever à 5.843 MD, soit 7,1% du PIB contre 4.311 MD et 5,6% une année auparavant.
L'accroissement du déficit courant est du, essentiellement, à la poursuite du creusement du déficit commercial de plus de 20,6% pour dépasser 10,5 milliards de dinars en raison de l'augmentation des importations de 6,2% et la quasi-stagnation de la valeur des exportations (+0,1%), entraînant ainsi un repli du taux de couverture de 4 points de pourcentage pour se situer à 66,4%.
L'excédent de la balance des revenus des facteurs de production et des transferts courants s'est, en revanche, consolidé de 219 MD pour atteindre 816 MD. Cette croissance est expliquée par l'augmentation des recettes au titre des revenus du travail (transferts des Tunisiens à l'étranger) de 7,8% avec une baisse des dépenses au titre des revenus du capital de 5,8% pour se situer à 2.731 MD, suite, notamment, au repli des dépenses au titre des transferts des sociétés pétrolières de 20,1% (soit 1.155 MD) et aussi en raison de la légère baisse des paiements s'agissant des intérêts de la dette à moyen et long termes (-1,3%) pour se situer à 628 MD.
La balance des opérations en capital et financières et ajustements s'est nettement consolidée, au cours des 9 premiers mois 2014, pour s'élever à 7.069 MD contre 2.955 MD au cours de la même période de l'année 2013. Cette progression est expliquée par une forte consolidation des tirages sur les capitaux d'emprunt à moyen et à long termes (MLT) qui ont dépassé, au cours des 9 premiers mois 2014, 4,5 milliards de dinars.
Ainsi l'encours de la dette extérieure à MLT, compte tenu des engagements de la BCT, serait au terme de 2014, de 37.174 MD dont 23.675 MD pour l'administration. Le taux d'endettement s'élèverait, par conséquent, à 44,1% contre 41% une année auparavant.
La Tunisie a décaissé environ 1.549 MD (944 millions de dollars) au terme des deuxième, troisième et quatrième tranches du prêt Stand-by accordé par le Fonds monétaire international (FMI) et un crédit de 200 millions de dollars (près de 320 MD) octroyé par la Turquie dans le cadre du programme d'appui budgétaire, ainsi qu’un crédit de 500 millions de dollars (près de 859 MD) au titre de la réalisation de l'émission obligataire assortie de la garantie du gouvernement américain.
Le même document montre que les décaissements ont également concerné un crédit de 181 millions d'euros (près de 416 MD) accordé par la BIRD, outre un dépôt d'un montant de 100 millions de dollars (près de 161 MD) par la Banque d'Algérie auprès de la BCT.
La Tunisie a bénéficié, par ailleurs, de dons d'une valeur de 207 MD, accordés par l'Union européenne (99 MD), l'Agence française de développement (23 MD) et l'Algérie (85 MD).
La BCT a indiqué, dans le même rapport, que les dépenses engagées pour le remboursement de la dette à MLT(Moyen et Long Terme) ont cru de 26,8% pour se situer à 1.354 MD.
Baisse des IDE de 12,6%
Les investissements directs étrangers (IDE) et les investissements de portefeuille ont enregistré, au cours des 9 premiers mois 2014, une baisse respectivement de 12,6% pour atteindre 1.202 MD et de 27,5% pour se situer à 88 MD.
Cette baisse est expliquée par le repli des flux des investissements dans le secteur énergétique (-11%) et ce, essentiellement, en relation avec le fléchissement de ceux réalisés dans le domaine de l'exploration et par une forte baisse des flux des investissements réalisés dans le secteur des industries manufacturières de 31,5%.
Les investissements dans le secteur des services ont connu une hausse de 18,9% par rapport à la même période de 2013, corrélativement avec l'augmentation du capital de la Banque nationale du Qatar-Tunisie (QNBT) d'un montant de 101 MD et à l'acquisition par le fonds d'investissement Abraaj d'une participation majoritaire dans la Polyclinique Taoufik pour un montant de près de 50 MD.
La répartition des IDE par secteur montre que celui de l’énergie a préservé la part du lion (61%), suivi des industries manufacturières (20%) et des services (18%).
Par ailleurs, les investissements de portefeuille ont enregistré, au cours des 9 premiers mois 2014, une forte baisse pour se situer à 88 MD contre 122 MD par rapport à la même période de l'année 2013.
En ce qui concerne les finances publiques, les statistiques de la BCT ont indiqué une baisse du déficit budgétaire hors privatisation, dons extérieurs et revenus confisqués, durant les huit premiers mois de 2014 (-47,3 MD, contre -939,1 MD une année auparavant).
Les recettes propres ont enregistré, fin août 2014, une hausse de 10,9% contre une baisse de 0,7% durant la même période de l'année 2013.
Le document montre, également, que les dépenses hors principal de la dette ont connu, une hausse des dépenses de fonctionnement de 2,2% contre 17,1%, durant la même période de l'année 2013 et une quasi-stagnation des dépenses d'investissement (-0,6%) contre une hausse de 8,4% durant la même période de l'année écoulée.
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