Le ministre de l’Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda a accordé à Africanmanager une interview exclusive dans laquelle il a parlé de la situation économique du pays, qualifiée de « délicate et difficile ».
Il a évoqué également l’endettement de la Tunisie, tirant la sonnette d’alarme sur les risques qui pèseront sur le pays en 2017, année durant laquelle l’endettement passera au double, selon ses dires.
Evoquant la loi des finances 2015, le ministre nous a indiqué que cette loi va être soumise au Chef du gouvernement le 24 octobre prochain, révélant, dans le même contexte que de nouvelles taxes seront décidées dans le cadre de cette loi.
Interview :
Qu’est ce que vous pensez de la situation économique actuelle du pays ?
La situation économique est difficile voire délicate, mais nous essayons de la gérer avec tous les membres du gouvernement.
Par ailleurs, on a réussi jusque-là à maintenir les grands équilibres et à diminuer le déficit public qui est aujourd’hui au dessus de 6% et que nous espérons ramener au dessous de 5%.
Nous travaillons dans un contexte délicat, difficile et de fin de transition mais nous essayons de tenir le cap en nous basant essentiellement sur deux aspects, la stabilisation macroéconomique (déficit courant et déficit public) et les réformes bancaires et fiscales.
Comment vous allez terminer l’année 2014 ?
Nous maintenons le cap en dépit du retard qu’on a mis pour respecter nos engagements notamment en matière de la loi sur le PPP (partenariat public privé) et la loi sur la recapitalisation bancaire.
Nous terminerons l’année tout en stabilisant la situation macro-économique et tout en poursuivant les reformes.
Mehdi jomâa a déclaré que la Tunisie a besoin de trois années de réformes rigoureuses, qu’est ce que vous en pensez ?
Nous partageons totalement l’avis de Mehdi Jomâa et cela était avant tout l’analyse du gouvernement. Nous avons commencé, déjà, avec la loi des finances complémentaire 2014, un grand programme de redressement qui doit se poursuivre pour les trois prochaines années.
Pour ma part, je n’ai pas arrêté de dire que l’année 2014 a été difficile et que les trois prochaines années 2015, 2016 et 2017 seront encore plus difficiles.
On arrivera encore à des remboursements de dettes beaucoup plus importantes que nous avons aujourd’hui. Actuellement, on est à 4 milliards de dinars de remboursement de dettes. En 2017, on ne serait pas loin de 8 milliards de dinars, soit le double de ce qu’on a aujourd’hui.
Nous avons tiré la sonnette d’alarme. Il faut que la croissance et la confiance reprennent rapidement et que les investissements internes et étrangers regagnent de terrain. Les trois prochaines années seront des années de travail et de labeur pour poursuivre l’effort de redressement.
Quand vous allez déposer la loi des finances 2015 ?
Selon la loi organique du budget, on doit déposer la loi des finances 2015, le 25 prochain mais puisque ce sera un samedi, nous la déposerons, vendredi prochain, 24 octobre 2014. Nous avons prévu une conférence de presse comme on l’avait fait pour la loi des finances complémentaires 2014.
On soumettra la loi des finances 2015 au chef du gouvernement durant la matinée du vendredi, 24 octobre 2014, juste avant la conférence de presse.
Quelles sont les grandes lignes de cette loi ?
On est en train de finaliser les derniers calculs, et les grandes lignes de cette nouvelle loi seront les mêmes que nous avions défendues au niveau de la loi des finances complémentaire. Il faut garantir, dans le cadre de cette nouvelle loi, une stabilisation macroéconomique. Il faut aussi que la croissance et l’investissement reprennent et que les réformes se poursuivent.
Une priorité sera accordée au développement régional, à la solidarité et l’inclusion fiscale.
Y’aura-t-il de nouvelles taxes ?
Oui ! Il y aura de nouvelles taxes mais beaucoup moins que l’année précédente. Pour l’instant, on est en train de finaliser les dernières mesures. La loi de finances 2014 et la loi des finances complémentaire de la même année ont rassemblé énormément de mesures, voire une centaine de lois, contrairement à la loi des finances 2015 qui comprendra vraiment le minimum de taxes.
Dans la loi des finances 2015, il n’y aura pas de la pression fiscale. On s’est limité vraiment au strict minimum. Seulement, des choses de facilitation.
Il faut dire, cependant, qu’il yaura une autre loi 2016 qui sera encore plus importante dans la mesure où nous allons finaliser en novembre 2015 la réforme fiscale. C’est à cet effet que la loi des finances 2016 sera une première loi de finances qui appliquera les grandes mesures de la réforme fiscale.