En Tunisie, les progrès de la transition politique incitent les bailleurs de fonds à augmenter leur soutien. Mais la croissance reste hésitante, et l’aggravation des déséquilibres externes a continué à exercer des pressions sur le taux de change. Des mesures importantes sont prises actuellement pour remédier à la fragilité du secteur bancaire qui fait obstacle à une croissance plus forte et plus solidaire. On ne pouvait s’attendre à plus lancinant diagnostic de la part du Fonds monétaire internationale(FMI) qui vient de rendre public son rapport sur les « perspectives de l’économie mondiale ».
Selon les projections du FMI, la croissance de l’économie tunisienne progressera de 2,3% en 2013 à 2,8% en 2014 et à 3,7% en 2015. Les prix à la consommation baiseront de 6,1% en 2013 à 5,7% cette année et à 5.0% en 2015. La même tendance sera observée s’agissant du solde extérieur courant (-8,4% en 2013, -7,7% cette année et -6,6% en 2015). Pour ce qui est enfin du chômage, les taux tournent autour de 15% (15,3% en 2013, autant en 2014 et 15.0% en 2015). Un taux inégalé dans toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Seul le Soudan s’y approche avec des taux aux alentours de 13% en 2014 et 2015.
En Tunisie comme dans les autres pays importateurs de pétrole de la région MENA, la reprise est vulnérable à des revers de la transition politique ainsi qu’à une aggravation des tensions sur le plan social et de la sécurité, notamment par des effets sur les prix du pétrole, les mouvements de réfugiés et les échanges. Une croissance inférieure aux prévisions dans
les pays émergents, en Europe ou dans le CCG pourrait ralentir le tourisme, les exportations et les envois de fonds des émigrés. Les pays pratiquant une flexibilité limitée du change risquent de devoir augmenter les taux d’intérêt internes quand les conditions monétaires mondiales se
resserreront, bien que l’intégration limitée aux marchés de capitaux internationaux donne une certaine autonomie à la politique monétaire.
Le FMI estime que « des réformes structurelles contribueront à augmenter la croissance à moyen terme, à créer des emplois et à faire progresser le niveau de vie et l’équité. Des changements du contexte des activités d’affaires et de la gouvernance, un meilleur accès aux financements et une plus grande intégration aux échanges (notamment pour les produits à valeur ajoutée élevée) s’imposent pour diminuer les coûts d’exploitation des entreprises et développer les possibilités d’emploi » Il ajoute que « réformer le marché du travail et le système éducatif serait favorable au capital humain et à la productivité, par exemple, en rendant l’éducation et la formation professionnelle plus conformes aux besoins du secteur privé », à charge pour la communauté internationale de soutenir les réformes internes au moyen de financements, d’un accès aux principaux marchés d’exportation, de l’assistance technique et de conseils de politique économique.
Les politiques macroéconomiques et financières doivent soutenir les actions visant à améliorer la croissance et l’emploi, demande l’institution financière internationale qui souligne l’urgence d’un assainissement budgétaire pour susciter la confiance et rétablir la viabilité de la dette publique à moyen terme. Mais il peut être effectué à un rythme mesuré là où des financements sont disponibles.
La réorientation en cours des finances publiques en faveur d’une protection sociale bien ciblée, des infrastructures, de l’éducation et de la santé, tous éléments qui conditionnent l’accélération de la croissance et la création d’emplois, bénéficierait d’un développement
des capacités administratives et d’un freinage des salaires du secteur public. Au fur et à mesure que la croissance se renforcera, il sera possible d’améliorer l’équité et d’augmenter
la confiance des milieux d’affaires en élargissant l’assiette d’imposition, en rendant l’impôt sur le revenu plus progressif, en réformant les subventions et en étendant une protection sociale ciblée