Tunis-Officiel :Réduction des importations de voitures et la ministre Harrouch avoue son impuissance face au parallèle.
La ministre tunisienne du Commerce, Najla Harrouch, a réuni, ce mardi 2 septembre 2014 à 10 heures au siège de son département, les concessionnaires automobiles conduits par les représentants de leur chambre syndicale. Comme ils s’y attendaient, cette réunion a porté sur l’état des lieux d’un secteur accusé d’être dépensier en devises et d’être importateur de produits de consommation non nécessaires comme le jugent certains responsables et certains politiciens d’orientation socialisante.
Qu’elle ne fût pourtant grande la surprise des concessionnaires d’entendre la ministre Harrouch, manifestement mal à l’aise, annoncer de but en blanc des mesures d’économie concernant l’importation des voitures.
La ministre a en effet expliqué aux concessionnaires que l’importation des voitures et autres véhicules neufs a coûté aux finances tunisiennes l’équivalent de 955 MDT en 2014. Elle a ajouté que ces importations, régulières et qui paient des taxes diverses et d’importants impôts pour l’Etat tunisien, ont dépassé à fin août 2014, de 80 MDT ce qui avait été dépensé en pareille période de l’année 2013.
A fin juillet 2014, les concessionnaires ont importé, chacun selon son quota, un total de 31.861 véhicules légers. A fin août, comme les quotas sont désormais accordés en volume financier d’importation, il restait à tout le secteur régulier la somme de 244 MDT à se partager en importation, toujours chacun selon son quota.
La ministre Harrouch annonçait aux concessionnaires une coupe de 70 MDT. Une coupe qui équivaudrait en moyenne, selon les professionnels, à plus de 3.500 véhicules qui ne seront pas importés. Une coupe drastique qui intervient après une première baisse de 20 % du quota général en 2011 par rapport à 2010. La ministre a aussi décidé la non-réaffectation des quantités qui pourraient ne pas être importées par certains concessionnaires, comme cela se passe souvent, entre le reste de la profession où la demande reste importante. Avec cette mesure, la baisse pourrait être de 15 %, avec ses répercussions sur le tarissement du marché régulier des voitures.
Grande était l’ire des concessionnaires et des importateurs réguliers, payeurs d’impôts et pourvoyeurs de postes d’emplois réguliers qui ne comprenaient pas que la ministre Harrouch ne s’attaque qu’au secteur régulier en oubliant les importations, irrégulières, du secteur parallèle. Or, chiffres à l’appui fournis par l’ATT (Agence du transport terrestre), contre 47.960 voitures importées régulièrement et immatriculées par les concessionnaires, le marché parallèle (FCR normal, trafic du FCR et importations illicites) a pu écouler 27.321 voitures, importées elles aussi en devises, mais sans aucune taxe et sans aucun impôt pour les caisses de l’Etat. A fin juillet 2014, pas moins de 14.917 voitures ont été importées illicitement et n’ont rien payé au fisc.
Devant les professionnels, la ministre tunisienne du Commerce, Najla Harrouch, a avoué son impuissance devant ce commerce parallèle et illégal dont le groupe de lobbying auprès du gouvernement semble être assez puissant pour que le ministère des Finances et la Banque Centrale ne puissent faire rien d’autre que d’opérer des coupes sur le marché régulier. Arrêter l’importation irrégulière des voitures ou au moins réduire le volume du marché, rapporterait pourtant plus que les 70 MDT à l’Etat et ne le priverait pas des impôts des concessionnaires dont le chiffre d’affaires baissera en conséquence de la coupe des 70 MDT. La bonne gestion des deniers de l’Etat, c’est aussi ce genre de décisions courageuses que le gouvernement Jomaa et ses ministres ne savent pas encore, ne veulent pas ou ne peuvent pas prendre.
En attendant, avec cette baisse des importations des voitures, le marché parallèle va encore exploser et ses prix augmenter, sans que les caisses de l’Etat n’y prélèvent quoi que ce soit, et le Gouverneur de la BCT mettra toujours, consciemment ou inconsciemment, la main dans le coffre-fort des devises pour payer les importations du marché parallèle !
AfricanManager