L’harissa et la figue de Barbarie sont parmi les produits du terroir à grande valeur ajoutée qui pourraient conquérir de nouveaux marchés, moyennant des politiques de marketing appropriées.
La Tunisie dispose de plusieurs potentialités qui lui permettent d’augmenter ses exportations sur le marché mondial. Les consommateurs sont toujours à la recherche de produits alimentaires à forte valeur ajoutée qui se caractérisent par leur goût et leurs vertus thérapeutiques. Les produits du terroir ne sont pas tous exploités par les exportateurs pour améliorer leur chiffre d’affaires. Certains produits authentiquement tunisiens ne sont pas encore connus par les consommateurs résidant en Europe, en Afrique et en Amérique. A titre d’exemple, l’harissa et la figue de Barbarie qui sont des produits de qualité faisant appel à l’agriculture et à l’industrie pour leur transformation. Certes, certains pays comme le Maroc ont déjà commencé à mettre en valeur ces produits pour les écouler en Europe, mais le marché demeure encore ouvert et les possibilités de vente à large échelle sont à la portée.
L’harissa est produite à partir des piments forts rouges qui sont séchés et traités dans des unités de transformation. Des épices sont ajoutées au produit pour améliorer le goût piquant. Ce produit peut être ajouté presque à tous les plats préparés à la maison ou dans les restaurants et les hôtels. Il est préférable de livrer avec le produit vendu un livre de recettes avec utilisation de l’harissa pour donner des idées aux cuisiniers et ménagères lors de la préparation des repas.
Ratisser large
Les exportations de ce produit ne représentent que de petites quantités destinées, en général, à la communauté maghrébine qui réside notamment dans certains pays européens. Désormais, il faut ratisser large en visant les consommateurs européens qui ont toujours manifesté leur satisfaction quant à la cuisine tunisienne bien épicée lors de leur séjour parmi nous. Le couscous tunisien, les petits pois, les pâtes et autres plats préparés avec l’harissa ont toujours tenu le haut du pavé dans la cuisine tunisienne qui est appréciée par les consommateurs du monde entier. Il s’agit, maintenant, d’atteindre un nouveau palier au niveau des populations ciblées en organisant des campagnes d’information dans le monde et en participant aux salons agroalimentaires pour faire connaître ce produit du terroir qui n’a rien à envier à l’huile d’olive.
Un label tunisien de l’harissa pourrait être institué pour que le produit soit garanti au niveau de la qualité et de l’authenticité. La traçabilité du produit est également nécessaire pour que les consommateurs puissent avoir une idée claire sur la provenance des différentes matières premières constituant ce succulent produit.
Quand la demande atteint un niveau supérieur, les producteurs de piment pourraient élargir les plantations et améliorer la productivité selon des contrats-programmes avec les industriels chargés de la transformation. Ces derniers auraient également des chances réelles pour faire tourner leurs machines à plein régime et éventuellement recruter une nouvelle main-d’œuvre pour produire plus dans les délais impartis. Actuellement, plusieurs marques d’harissa sont écoulées sur le marché local. En général, la qualité est respectée par tous les industriels qui devraient néanmoins s’ouvrir davantage sur les marchés extérieurs, y compris le marché africain.
Quant à la figue de Barbarie, la plantation se fait naturellement dans des conditions climatiques difficiles. Le produit peut, en effet, résister à la sécheresse et même à des pluies battantes. Malgré ses vertus nutritionnelles et sa qualité, ce produit demeure, lui aussi, ignoré de plusieurs consommateurs européens qui le découvrent en venant passer un séjour touristique en Tunisie. Il est possible d’exploiter ce créneau presque vierge en exportant le produit à l’état frais ou transformé en tant que confiture et matière première dans les gâteaux tunisiens. La population ciblée ne doit pas se limiter à la communauté maghrébine mais toucher toutes les nationalités. Une nouvelle industrie pourrait ainsi naître par la création d’entreprises chargées de la transformation des figues de Barbarie sous un label tunisien.
Auteur : Chokri GHARBI
La Presse : 01-08-2014