En 2011, les créances impayées (classe 4) et en contentieux ont été actualisées à 635 millions de dinars, soit 23% de l’encours des crédits du secteur du tourisme (3,4 milliards de dinars) contre une moyenne nationale égale à 12%.
Plusieurs unités hôtelières souffrent depuis des années déjà suite à des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel des problèmes d’endettement. Elles ne sont pas en mesure, de ce fait, de rembourser dans les délais des crédits contractés. Une telle situation a, bien sûr, des répercussions négatives sur les équilibres financiers des banques qui ont un besoin pressant de liquidités au cours de cette période. Les établissements hôteliers sont, eux aussi, dans une situation embarrassante et ne peuvent pas concrétiser leurs projets programmés pour les années à venir. D’où la nécessité de trouver, au plus vite, des solutions radicales quitte à traiter les problèmes au cas par cas. Certains hôteliers sont allés jusqu’à alléger leur effectif privant ainsi plusieurs familles d’un revenu stable en vue de diminuer un tant soit peu les dépenses.
La Banque centrale de Tunisie (BCT) en coordination avec la Banque mondiale avait, d’ailleurs, recommandé, en 2011, l’élaboration d’une étude pour voir plus clair la situation d’un secteur qui procure à la Tunisie, chaque année, un important panier de devises mais qui souffre d’une dégradation permanente. Sur la base de cette étude, une société de gestion d’actifs devrait agir efficacement pour remettre les pendules à l’heure. Il s’agit, en effet, de racheter de l’ensemble des dettes accrochées du secteur touristique pour assainir la situation financière de certaines unités hôtelières.
Solutions plus souples
Cette société devrait faire partie de la loi de finances complémentaire pour l’exercice 2014. Des hôteliers sont contre une telle société car elle serait dotée de pouvoirs exceptionnels dans la gestion des unités hôtelières en difficulté. Les professionnels sont au courant des difficultés de certains hôteliers incapables de rembourser leurs crédits, mais préfèrent d’autres solutions plus souples qui permettent de remonter la pente pour que l’hôtel puisse continuer ses activités, voire se développer au cours des années à venir. D’autant plus que le nombre de touristes dans un climat de paix sociale et de sécurité pourrait augmenter d’une année à l’autre. La demande est donc disponible et les hôtels répartis dans les différentes régions, surtout sur le littoral, sont en mesure d’offrir le nombre de lits. Le ministère a jugé utile de créer une commission chargée d’identifier des solutions pour résoudre un problème qui a trop duré, à savoir l’incapacité de rembourser les crédits.
Il y a quelque temps, certains hôteliers avaient indiqué qu’ils pourraient rembourser leurs dettes si les banques effectuent un rééchelonnement des dettes. Au cours de cette période de grâce, ils pourront constituer de nouveaux fonds propres et honorer leurs engagements vis-à-vis des bailleurs de fonds. Cette proposition est restée sans suite favorable. Les hôteliers ont besoin encore de fonds pour effectuer les rénovations, payer les frais divers dont ceux de l’énergie et des rémunérations des employés. Ce coût ne cesse d’évoluer d’une année à l’autre. Les crédits sont devenus un besoin structurel pour réaliser les différents projets programmés et tenir les prestations offertes à un niveau supérieur.
La marge maximale autorisée
Selon les chiffres disponibles, en 2011, les créances impayées (classe 4) et en contentieux ont été actualisées à 635 millions de dinars, soit 23% de l’encours des crédits du secteur du tourisme (3,4 milliards de dinars) contre une moyenne nationale égale à 12%. Cependant, certaines dispositions techniques sont incriminées par les professionnels et mises en exergue comme le taux d’intérêt appliqué par les banques de développement aux établissements hôteliers entre 1988 et 1996, fixé à 15%. Ce taux permet aux banques de dégager une marge égale à 6,97%, alors que la marge maximale autorisée par la BCT était fixée à 3%. D’où la surfacturation des intérêts égale à 19,8% du montant total des intérêts facturés par les banques au cours de la période de 1988 à 1996 estimée à 176,1 millions de dinars. On a noté aussi la perception d’avance des intérêts conventionnels qui est en contradiction avec l’article 35 de la circulaire de la BCT du 17 décembre 1991 majorés des intérêts sur les intérêts conventionnels. Une telle disposition a également eu pour effet une surfacturation d’intérêts égale à 12% des intérêts facturés depuis 1988 estimée à 817,7 millions de dinars. Une autre surfacturation décriée par les professionnels concerne la capitalisation des intérêts et des intérêts de retard impayés d’intérêts estimée à 50% des intérêts facturés par les banques avant l’amendement de l’article du 20 juin 2000, soit 1,014 milliard de dinars.
Autant de problèmes qui méritent d’être étudiés minutieusement pour définir les solutions à ces unités hôtelières dont les activités connaissent au cours de la haute saison une dynamique avec l’arrivée de milliers de touristes de différentes nationalités. La Tunisie demeure, malgré tout, une destination privilégiée de plusieurs touristes qui veulent profiter du soleil et de l’animation dans des hôtels confortables offrant des prestations de qualité.
La Presse